Histoire

A. Les prémisses de l’Athénée

En mai 1940, peu après l‘annexion, les occupants allemands introduisirent leur programme d‘enseignement dans nos régions. Ce dernier était très différent du système belge, tant sur le plan de la méthode que sur le contenu. En effet, leur priorité était donnée à l‘éducation physique et au chant, au détriment des matières principales que sont les mathématiques, la lecture et l‘écriture.
Par conséquent, à la fin de la guerre, les élèves des régions occupées accusaient un retard d‘apprentissage considérable (de deux, trois, voire quatre ans) par rapport à ceux qui avaient été formés selon le programme belge.
Pour pallier cette situation, il fallait donc urgemment reconstituer des équipes éducatives fiables ; celles-ci furent composées via un recrutement strict et un licenciement des enseignants considérés comme « inciviques ».
L’arrêté-loi du 19 septembre 1945 ajouta deux ans au cursus en créant ce que l’on appela les « écoles complémentaires » qui étaient destinées à allonger la scolarité des enfants qui terminaient leurs classes primaires. Dans ce contexte, le 1er février 1946, l’État réquisitionna la maison Fremerey en ville basse pour y implanter l’école complémentaire d’Eupen dirigée par Mademoiselle SCHOUVELER. Historiquement, cette bâtisse avait été cédée à la Ville d’Eupen après la Première guerre mondiale. Elle abrita un temps la gendarmerie avant d’être vendue
à l’Allemagne puis récupérée par l’État belge.
On peut considérer cette école complémentaire comme étant le point de départ du futur Athénée Royal d’Eupen.

B. La naissance de l’Athénée

Le 2 juillet 1948, le quotidien régional Grenz-Echo annonça la décision du ministre de l’Instruction publique de transformer certaines écoles complémentaires en écoles moyennes. C’est ainsi que le 14 juillet de la même année paraissait au Moniteur belge un arrêté du Prince Régent annonçant la création d’une telle école à Eupen. Celle-ci devait se composer d’un cycle préparatoire (classes primaires) et d’un cycle humanitaire (classes secondaires).
La direction de cet établissement fut confiée à Monsieur Camille ZACHARIAS qui entra en fonction le 1er septembre 1948 et ne la quitta qu’en décembre 1972, ayant atteint l’âge de la retraite.
Lors de la rentrée qui suivit la création de l’école, 36 élèves et 5 enseignants se présentèrent devant le bâtiment qui avait abrité l’école complémentaire à la ville basse d’Eupen.

C. L’expansion de l’Athénée

Lors de la rentrée suivante, en septembre 1949, pas moins de 202 élèves étaient inscrits à l’Athénée et les cours furent confiés à 19 professeurs. À partir de là, il devint évident que les locaux ne pouvaient plus répondre aux exigences d’un nombre d’élèves en constante augmentation. C’est ainsi que quatre classes préparatoires s’installèrent, en 1950, dans le bâtiment de l’ancien musée communal de la rue Haas où tout dut être aménagé (électricité, cloisons, …). Malgré tout, la pénurie de locaux fut telle qu’il fallut opter pour une nouvelle construction.
C’est ainsi qu’un terrain fut acquis rue Laschet où l’entrepreneur Mœris érigea immédiatement deux baraquements provisoires provenant directement de la prison de Verviers. Les travaux, menés par la firme Wust, débutèrent dans le courant de l’année scolaire 1952-53 et le bâtiment principal fut pratiquement achevé après les vacances de Pâques. Dès septembre 1954, toutes les classes du secondaire ainsi que sept classes de la section préparatoire purent y être logées. Y avait-il enfin assez de place pour tout le monde ? Pas du tout !
En 1955, de nouveaux locaux durent être loués pour la section technique A3 créée peu auparavant. Celle-ci déménagea provisoirement ses ateliers et ses sections ménagères au n°25 de la rue d’Aix-la-Chapelle. C’est durant cette période que de nouvelles classes gardiennes, des cours du soir et un restaurant scolaire furent ouverts, qu’une amicale pour élèves en difficulté vit le jour et que le prêt de manuels scolaires fut instauré.

En août 1955, un autre événement resserra l’étau de l’espace mis à disposition des élèves : la ville d’Eupen décida de mettre fin au contrat de location des bâtiments de l’ancienne maison Fremerey, rue Hill, où étaient logées certaines classes primaires de l’Athénée depuis l’après-guerre. C’est précisément le 27 août 1955 que le préfet reçut l’ordre d’évacuer les bâtiments et trois jours plus tard, la Ville – par l’intermédiaire de son échevin, accompagné d’un huissier, de policiers et d’ouvriers – força les portes du bâtiment et y fit remplacer les serrures.
Les classes préparatoires se retrouvant « sans abri » déménagèrent à la hâte et furent, dès le mois de septembre, installées dans une aile de la caserne militaire de l’IRMEP en ville basse.
En parallèle, sur un terrain acquis le long de la rue de Montjoie, furent érigés deux baraquements provisoires en préfabriqué. Les inscriptions scolaires s’y faisaient dans une vieille caravane installée sur ce même terrain, encore en chantier.
En 1960, un internat pour garçons fut mis sur pied. Il prit ses quartiers dans l’ancien Hôtel Weinberg à Bellmerin. Plus tard, au début des années 80, la maison fut réaménagée et transformée en internat pour jeunes filles.

D. La construction de l’Athénée rue Laschet

Après la réalisation du bâtiment principal en 1952-53, les travaux de construction de l’Athénée rue Laschet se poursuivirent : l’atelier puis le gymnase (avec une scène intégrée) virent le jour en 1956.
Au cours de l’année scolaire 1962-63, les grues, pelleteuses et marteaux-piqueurs firent leur retour sur cette implantation pour la construction de « l’aile bleue » qui allait abriter des locaux de classe pour les disciplines scientifiques et artistiques.
Le complexe de la rue Laschet fut entièrement achevé et mis en service au début de l’année scolaire 64-65. Peu de temps après, des bâtiments furent construits de l’autre côté de la rue pour abriter l’école primaire.

E. Le succès et la réorganisation de l’Athénée

En 1964, le nombre d’élèves inscrits dans les sections techniques augmenta d’une manière telle que le préfet Camille ZACHARIAS actionna la sonnette d’alarme : soit l’administration centrale bruxelloise décidait d’agrandir les bâtiments de la rue Laschet, soit elle jugeait utile de créer une école technique autonome.
C’est cette dernière proposition qui fut retenue. L’année suivante, l’État fit l’acquisition de l’ancien sanatorium situé au Kehrweg et Monsieur Jules HÉBERT, professeur de mathématiques à l’Athénée, fut désigné comme directeur du nouvel Institut technique de l’État.
À cette époque, la population globale inscrite à l’Athénée d’Eupen (sections préparatoires et humanitaires confondues) avait dépassé le millier ! Peu de temps après la mise sur pied de l’Institut Technique de l’État, l’Athénée perdit sa filiale d’enseignement primaire de la rue de Montjoie.
En effet, l’école normale de Verviers (qui formait les futur(e)s instituteurs/trices) ayant voulu étendre son enseignement à la région eupenoise, il avait fallu trouver une école d’application adéquate et c’est la succursale de la rue de Montjoie qui s’imposa comme partenaire.
Le 1er septembre 1966 furent inaugurés des locaux de classes gardiennes de l’Athénée rue Hostert. Il s’agissait d’un emplacement géographiquement idéal car les bâtiments étaient aisément accessibles à pied pour les élèves de la ville haute.
Au milieu des années 90, cette implantation trouva une nouvelle vocation et fut destinée à l’office du travail « Le Forem » qui y dispensa des formations continues.
Les bouleversements idéologiques engendrés par les mouvements de mai 1968 entraînèrent des conséquences d’ordre pédagogique et didactique. On put les observer aussi à l’Athénée, en particulier dans le domaine des mathématiques : les mathématiques dites « modernes » firent leur entrée à l’Athénée d’Eupen.

F. Les défis « récents » de l’Athénée

Sous le mandat du préfet Edgard BREUER (1999- 2014) alors secondé par le proviseur Jean-Pierre MÜLLER, les bâtiments de l’Athénée Royal d’Eupen subirent un « ravalement de façade ». L’architecture actuelle résultat d’une rénovation partiellement reconstruite dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP). Cette mise à neuf impliqua un fameux défi d’organisation et d’adaptation ; en effet, lors des travaux de rénovation-construction, l’école secondaire déménagea dans l’ancienne école primaire (alors vide) de l’autre côté de la rue Laschet et dans des conteneurs convertis en classes.
Ce n’est qu’une fois la nouvelle installation terminée que l’école secondaire put reprendre ses quartiers au sein de ses murs. La modernisation se poursuivit directement par un investissement des deux écoles (primaire et secondaire) dans l’informatisation : le site Web, la communication numérique interne et externe, l’achat d’un grand nombre d’ordinateurs et de tableaux interactifs.
Le préfet actuel, Étienne GENGLER, persuadé de l’intérêt pédagogique des nouvelles technologies, poursuit l’équipement digital de l’établissement (tablettes, tableaux pédagogiques, …).
Toutefois, il lui tient à coeur que l’arrivée massive et fulgurante des appareils numériques dans la vie (scolaire et privée) n’entrave pas le bien-être des élèves. C’est pourquoi il veille, en étroite collaboration avec le proviseur Michael MCCREA, à ce que ceux-ci reçoivent une formation informatique, tout en cultivant les valeurs inhérentes à l’école : le respect, la tolérance, l’esprit critique, la solidarité, ….
Toujours tourné vers le futur et la modernité, l’Athénée vit naître en 2019 un projet novateur appelé « Lernatelier ». Durch dieses Konzept wird das unterschiedliche Lerntempo einer Gruppe von Schülern in der Unterstufe berücksichtigt. À travers ce concept, la différence de rythme d’apprentissage d’un groupe d’élèves du cycle inférieur est respecté et l’enseignement en autonomie est encouragé sous l’oeil aguerri de professeurs endossant le rôle de « coachs ».

Directeurs de l'école primaire

Initialement, Monsieur ZACHARIAS était à la tête de tout l‘Athénée Royal ; c’est-à-dire aussi bien des sections primaires que secondaires Le nombre d’élèves étant devenu de plus en plus imposant, un nouveau directeur fut nommé pour l’école primaire ; il s’agit de Monsieur Jean NYSSEN.
En 1963, les lois linguistiques belges établirent des frontières et circonscrivirent une zone de langue allemande dans notre pays. Ses habitants se désignèrent de plus en plus comme des « Belges germanophones » et petit à petit, une distinction du public scolaire s’opéra.
Ainsi, deux sections de langue furent créées à l’Athénée, séparant les élèves francophones et ceux parlant la langue de Goethe.
A la suite de cette adaptation linguistique, M. Nyssen poursuivit la supervision de l’école primaire, avec l’assistance de M. Peiffer pour la section francophone. Lorsque ce dernier devint inspecteur, c’est M. Nussbaum qui le remplaça pour une courte période. En effet, celui-ci quitta l’école au milieu de l’année scolaire 1969-1970, confiant ainsi son poste (par intérim) à Monsieur Georges PAULIS qui occupera la fonction de directeur de la section francophone en plus de celle d’enseignant (selon sa désignation définitive)
Au cours de l‘année scolaire 1970-71, un événement non négligeable marqua la carrière des directeurs de l’Athénée : les cours du samedi prirent fin
En 1979, Monsieur Paulis (qui cumulait encore ses deux activités) commença à diriger la section francophone à temps plein avant de prendre
sa retraite deux ans plus tard, en même temps que son collègue direct, Monsieur Nyssen. Notons que la collaboration entre les deux hommes était excellente et qu’ils étaient souvent unanimes.

Ils firent de l’Athénée un établissement bien structuré et organisé où chaque élève était reconnu dans son individualité et mis en avant. Sous leur direction, s’organisèrent des voyages scolaires et leur souci du bien-être des étudiants se traduisit aussi par leurs actions d’une grande empathie
Der Schulleiter Herr Jean NYSSEN (1958-81) wird noch lange im Gedächtnis bleiben. Er gehörte zu den Gründern der kulturellen Vereinigung „Beaux Spectacles Français“, die sich als Ziel setzte, die französische Sprache und Kultur in Eupen und Umgebung zu fördern. Noch heute besuchen die Schüler die von ihnen organisierten Vorführungen.
Après le départ du duo précité, ce sont Messieurs Charles HILGERS (pour la section germanophone)
et Joseph JOB (pour la section francophone) qui prirent le flambeau de la direction de l’école primaire en septembre 1981.
Une décennie après, en 1992 plus exactement, Monsieur Hilgers fit ses adieux à son homologue lors d’un discours proclamant en plus son admiration pour les enfants et les enseignants. Il avait toujours essayé de comprendre leurs difficultés scolaires et familiales ainsi que leurs comportements défensifs afin de pouvoir aider de la meilleure des façons chaque personne en difficulté.

Dès le mois de septembre de la même année, Madame Ina HAAG prit la direction de la section germanophone et travailla main dans la main avec Monsieur Job. Avec eux, les premières leçons par projet XXX furent introduites et le thème de l’intégration en tant que projet pilote fut lancé, malheureusement sans être poursuivi en raison d‘un manque de capital horaire.
C’est à cette même période que les premiers bulletins (du 1er cycle) furent créés sous la forme de « bilans de développement » Lorsque M. Job dut s’absenter pour cause de maladie, Mme Ina Haag releva le défi d’assurer seule la direction des deux cellules linguistiques de l’école primaire grâce au soutien de Madame Martine BLESGEN.
La fusion des deux sections s’amorça ainsi et se poursuivit de septembre 2005 à juin 2012, sous la direction de Monsieur Elmar GRIES. C’est également durant le mandat de ce dernier que la planification du nouveau bâtiment (géré par PPP, PrivatenPartnerchip) fut réalisée et que l’école accueillit une personnalité de haute importance. En effet, un événement marquant pour notre école fut sans aucun doute la visite de la reine Mathilde (encore princesse à l‘époque) dans le cadre de la campagne de l‘Unicef « Journée du changement ».
Depuis le mois de septembre 2012, c’est Madame Karin PLUMACHER-CHARLIER qui est à la tête de l’école fondamentale du KAE. Un premier défi l’attendait dès son arrivée : le déménagement imminent dans les nouveaux locaux. Sous son égide, le travail en équipes se développa davantage
et le soutien scolaire par des pédagogues spécialisés prit une plus grande importance. L’Athénée se voulant « moderne », la directrice actuelle encourage vivement, en plus de la digitalisation et de la variété des méthodes d’enseignement, l‘apprentissage autonome des élèves. Aujourd’hui, au KAE primaire (mais aussi secondaire), tous les élèves – quelle que soit leur nationalité, leur culture ou leurs origines – rencontrent leurs camarades de classe avec ouverture d’esprit, respect et tolérance, façonnant ainsi un lieu commun de vie et de formation.